No 1309. Séance du lundi 8 novembre 2021.
La séance est ouverte lundi 8 novembre 2021, à 17 heures, par Mme Véronique Boudon- Millot, présidente de l’Association, qui adresse ses remerciements aux membres du bureau et du comité, souhaite la bienvenue aux nouveaux entrants et salue les membres de l’Association présents.
Elle annonce, ensuite, le décès de M. Alexandre Avram survenu en août 2021.
Membres nouveaux : M. Onno Martien van Nijf, professeur d’histoire ancienne, spécia- liste d’épigraphie à l’université de Groningen. Présenté par Vinciane Pirenne-Delforge et Denis Rousset – M. Emanuel Zingg, docteur de l’université de Zurich (2013) et actuelle- ment Stipendiat de l’Alexander-von-Humboldt-Stiftung, affecté à la Kommission für Alte Geschichte und Epigraphik des Deutschen Archäologischen Instituts, à Munich. Présenté par Didier Marcotte et Denis Rousset.
Comptes rendus de colloques et congrès :
« Effets esthétiques et culturels de la révolution de l’écrit », journées d’étude organi- sées par Diane Cuny, Vladimir Agrigoroaei et Jean-Jacques Vincensini, CESR Tours, 1er-2 décembre 2020, par Arnaud Perrot. — « Littérature pseudépigraphique : Clément de Rome et sa postérité », organisé par Franz Mali, Gregor Emmenegger, Alexey Morozov, Université de Fribourg, 30 avril 2021, par Marie-Odile Boulnois et Sébastien Morlet. —
« Donner suite. La continuation en littérature – I. Suites d’Homère de l’Antiquité à la Renaissance », colloque international organisé par Diane Cuny et Arnaud Perrot, CESR Tours, 10-11 mai 2021, par Arnaud Perrot. — Colloque international sur le patrimoine de la Libye antique, organisé à Paris en visioconférence, organisé par l’INHA en collaboration avec la mission archéologique française, 17-19 mai 2021, par Catherine Dobias. — « Le grec en ses traductions (I). – La poésie grecque à la Renaissance », journée d’études inter- nationale organisée par Arnaud Perrot et Thomas Perroud, CESR Tours, 2 juin 2021. — XXVIIe Rencontres de Patristique, « Du Jésus des Écritures au Christ des théologiens. Les Pères de l’Église lecteurs de la vie de Jésus », organisées par Régis Burnet, Régis Courtray, Camille Gerzaguet et Jérôme Lagouanère, Université Toulouse – Jean Jaurès, 9-10 juin 2021, par Marie-Odile Boulnois et Sébastien Morlet. — Colloque « le Psautier de Paris (Paris BnF grec 139) », organisé par Christian Förstel, Vasileios Koukousas, Delphine et Frederick Lauritzen, École nationale des chartes, 2-3 juillet 2021, par Delphine Lauritzen. — colloque
« Xenophon 2021 » organisé par Fiona Hobden, Christopher Tuplin, Alexei Zadorozhny, Université de Liverpool, 8 juillet-29 juillet 2021, par Pierre Pontier. — Colloque périodique de Wuppertal, 18-21 juillet 2021, par Marie-Odile Boulnois et Sébastien Morlet. — Col- loque « Des dieux, des jeux – et du hasard », organisé par Véronique Dasen, Fribourg, 6-7 septembre 2021, par Arnaud Macé. — Colloque « In the Grip of the Supernatural: Dependencies above, within and before us », organisé par Wolfram Kinzig, Université de Bonn, 28-30 septembre 2021, par Marie-Odile Boulnois et Sébastien Morlet. — Online Workshop « Platonic Powers », organisé par l’Université de Rio de Janeiro, 4-8 octobre 2021, par Arnaud Macé — XXXIe Colloque de la Villa Kérylos, « Méditerranée, mer de l’exil », organisé par l’AIBL et la Fondation Théodore Reinach, Beaulieu-sur-Mer, 8-9 octobre 2021, par Jacques Jouanna. XVIIe colloque international hippocratique, « Das Corpus Hippocra- ticum. Einheit in der Vielfalt », « La Collection hippocratique, unité dans la diversité », organisé par le Professeur Docteur Mathias Witt, Munich, 14-17 octobre 2021, par Jacques Jouanna. — Journée d’étude « Les systèmes hérésiologiques (IIe-Ve s.) : entre la vérité et l’invention », organisée par Franz Mali, Gregor Emmenegger, Alexey Morozov, Université de Fribourg, 15 octobre 2021, par Marie-Odile Boulnois et Sébastien Morlet. — Colloque « Des Arts visuels aux arts vivants. Influences des représentations figurées sur les spectacles antiques », organisé par Isabelle David, Alexa Piqueux et Evelyne Prioux, Université Paris Nanterre, 21-22 octobre 2021, par Jean-Charles Moretti. — Colloque « Les lieux du savoir dans l’Athènes démocratique », organisé par Marco V. García Quintela, Étienne Helmer, Arnaud Macé, Noémie Villacèque, Nerea Terceiro, 2-4 novembre, St Jacques de Compos- telle, par Arnaud Macé. — Colloque “Heretic Jews / Judaizing heretics – The Construction of Orthodoxy and Anti-Jewish Polemics in Late Antiquity and Early Middle Age”, organisé par Immacolata Aulisa, Claudio Schiano, Université de Bari, 3-5 novembre 2021, par Marie-Odile Boulnois et Sébastien Morlet.
Communication :
m. Marwan rAshed, « Ptolémée «al-gharīb» et la transmission hellénistique du corpus aristotélicien. » La communication a été publiée dans la REG, 2022, 1.
Observations de M. Philippe Hoffmann, M. Denis Rousset, Mme Véronique Boudon-Millot. La séance est levée à 19 heures.
N° 1308. Séance du lundi 6 décembre 2021
La séance est ouverte à 17 heures par Madame Véronique Boudon-Millot, présidente de l’Association, qui évoque la « Première Journée européenne des langues et cultures de l’Antiquité » qui s’est tenue au lycée Louis le Grand et à l’École Normale Supérieure le 16 novembre 2021 sur le thème : « Europe et langues anciennes : nouvelles questions, nou- velles pratiques. »
Une réunion exceptionnelle du Comité de l’Association a eu lieu le mercredi 17 novembre à 18h à la demande du M. Denis Rousset qui a présenté son projet de création d’une base de données informatique consacrée au Bulletin épigraphique. Il s’agit de reprendre, en respectant les murs mobiles de la Revue, l’ensemble des notices depuis 1938 en pourvoyant l’ensemble d’index cumulatifs, de façon à pouvoir interroger le tout sur Internet. Le Comité a donné son autorisation au projet.
Pierre Pontier, secrétaire adjoint de l’Association, présente ensuite un compte rendu de l’assemblée générale d’Antiquité Avenir qui s’est tenue le 20 novembre dernier à la Sorbonne.
Communications :
- Mme Delphine Ackermann, « Gérer l’espace urbain d’Athènes : les dèmes du centre- ville et la cité. »
La communication est publiée dans la REG, 2022, 2.
Observations de Mme Véronique Boudon-Millot, Mme Diane Cuny, M. Denis Rousset.
- M. Sébastien Morlet, « Les extraits dans l’Antiquité : formes et fonctions, entre «paganisme», judaïsme et christianisme. »
L’objet de cette étude est de décrire les formes et les fonctions d’une pratique lettrée importante, surtout à l’époque impériale, et commune aux « païens », aux juifs et aux chrétiens : la composition d’extraits. L’utilisation d’extraits à l’école, par les professeurs, est attestée dès Platon, puis, à partir du iiie s. avant notre ère, dans la documentation papy- rologique. Sorti de l’école, le lettré annotait ses lectures, par des signes ou des scholies, signalant les passages pouvant être excerptés. L’hypothèse des « mots clefs », parfois formulée à propos de Pline l’Ancien, trouve un écho dans les pratiques de lecture des premiers chrétiens, qui constituent des dossiers bibliques autour de mots comme « bois » ou « pierre ». Ces dos- siers, attestés dès le Nouveau Testament, servaient à l’enseignement autant qu’à la polémique. Cyprien, en latin, et Eusèbe, en grec, attestent l’existence de rubriques différentes, plus déve- loppées, dont Flavius Josèphe, du côté juif, semble donner lui aussi des exemples. Du côté païen, les scholies au Didascalicos d’Alcinoos offrent des cas comparables. On constituait des extraits pour soi ou pour les autres. Le recueil pouvait même être publié, sous une forme plus ou moins remaniée, ou servir à la composition d’autres œuvres. Certaines d’entre elles faisaient encore apparaître les extraits, sous forme de citations. D’autres, au contraire, supposent une élaboration dans laquelle les extraits ne sont plus visibles. La conclusion de ce panorama est que, si l’étude des textes « païens » est fondamentale pour comprendre la littérature juive de langue grecque, et la littérature chrétienne de l’Antiquité, ces deux ensembles offrent aussi de bons témoignages des pratiques lettrées courantes sous l’Empire romain.
Observations de Mme Véronique Boudon-Millot, Mme Marie-Odile Boulnois. La séance est levée à 19 heures.
N° 1309. Séance du lundi 3 janvier 2022.
La séance est ouverte à 17 heures par Madame Véronique Boudon-Millot, présidente de l’Association, qui annonce le décès de François Lissarague.
Membres nouveaux : Mme Delphine Ackermann, maître de conférences en histoire grecque à Poitiers ; ancienne membre étrangère de l’École française d’Athènes ; collabo- ratrice scientifique de l’École suisse d’archéologie en Grèce. Présentée par Denis Rousset et Denis Knoepfler.
Communications :
- M. Lionel Dumarty, « Statique et dynamique de la langue : le vocabulaire de la fixité et du mouvement dans la grammaire alexandrine. »
La communication est publiée dans la REG, 2022, 1.
Observations de M. Charles de Lamberterie, Mme Nathalie Rousseau.
- Mme Emmanuelle Jouet-Pastré, « L’échange entre Socrate et Thrasymaque au livre I de la République : les enjeux d’une mise en scène platonicienne pleine d’humour. »
Observations de M. Paul Demont, M. Michel Fartzoff, Mme Anca Vasiliu. La séance est levée à 19 heures.
N° 1310. Séance du lundi 7 février 2022.
La séance est ouverte à 17 heures par Madame Véronique Boudon-Millot, présidente de l’Association, qui annonce les décès d’Olivier Bloch, Alain Blanchard, Jeannine Boëldieu- Trevet, Anne-Marie Chanet, Marie-Françoise Baslez.
Communications :
1. Mme Marion Bonneau, « Le chapitre 47 des Lieux dans l’homme (Loc. Hom.) et la gynécologie hippocratique. »
La communication présente des conclusions exposées au xviie Colloque Hippocratique le 15 octobre 2021 à Munich. Elle s’intéresse au traité hippocratique Lieux dans l’homme (Loc. Hom.), plus particulièrement au c. 47 qui clôt le traité et comporte une série de remarques consacrées uniquement aux maladies des femmes. Si l’appartenance du chapitre au reste du traité n’est plus suspectée, la présence d’un chapitre « gynécologique » dans un traité de médecine générale suscite une réflexion autour de plusieurs axes. Se pose d’abord la question de l’insertion d’un contenu « gynécologique » dans un traité de médecine générale, comparable dans une moindre mesure aux questions soulevées par l’existence de « sections gynécologiques » dans les traités hippocratiques de compilation que sont Aphorismes et Prénotions de Cos, mais aussi dans le Prorrhétique II. Se pose ensuite la question du matériel gynécologique utilisé par l’auteur du traité, dans une perspective double : il s’agit de comparer ce matériel à celui présent dans le corpus gynécologique hippocratique, en gardant à l’esprit l’hétérogénéité de ce dernier, mais aussi de considérer Loc. Hom. dans son ensemble. Par conséquent, il est possible d’envisager le c. 47 non pas comme un excursus complètement autonome parce qu’emprunté à un matériel différent de celui du reste du traité, mais au contraire de comprendre les propos consacrés aux femmes dans une continuité avec le reste du traité. Autrement dit, il s’agit de reléguer au second plan l’hypothèse d’un savoir spécialisé voire séparatiste sur les femmes, et de privilégier l’hypothèse d’un modèle commun d’appréhension des corps féminin et masculin. En se concentrant sur les déplacements de la matrice qui sont au cœur de la sémiologie et de la thérapie du c. 47 de Loc. Hom., la communication montre certes que certaines des consi- dérations liées à ces déplacements ainsi que le lexique mobilisé pour les exprimer sont partagés par le corpus gynécologique – sans qu’il soit possible d’identifier de filiation précise ; mais que d’autres sont propres à l’auteur du traité, notamment en ce qu’elles rejoignent le reste du traité, particulièrement dans le lexique mobilisé. Certains phénomènes propres au corps humain sans distinction de sexe sont ainsi exprimés de la même manière que les déplacements de la matrice, rattachant la physiologie féminine au corps commun hippocratique, celui que partagent hommes et femmes.
Observations de Mme Véronique Boudon-Millot, Mme Catherine Dobias, M. Paul Demont.
2. M. Philippe Hoffmann, « Retour sur le fragment 8 Ross du Περὶ φιλοσοφίας d’Aristote. » La communication sera publiée dans la REG 2023, 1.
Observations de Mme Cristina Viano, M. Charles de Lamberterie, M. Paul Demont. La séance est levée à 19 heures.
N° 1311. Séance du lundi 7 mars 2022.
La séance est ouverte à 17 heures par Madame Véronique Boudon-Millot, présidente de l’Association.
Membres nouveaux :
Mme Constance Détroyat, agrégée de Lettres classiques, doctorante contractuelle à l’université de Paris-Nanterre. Présentée par Nadine Le Meur-Weissman et Camille Denizot. – Mme Sarah Müller-Moaty, agrégée de Lettres classiques, doctorante contractuelle à l’université de Paris-Nanterre. Présentée par Nadine Le Meur-Weissman et Camille Denizot.
Communications :
1. M. Julien devinAnt, « Les forces d’attraction selon Galien. Sources et principes d’une controverse théorique sur les mouvements physiologiques. »
La communication sera publiée dans la REG 2023, 1.
Observations de Mme Véronique Boudon-Millot, M. Charles de Lamberterie, M. Paul Demont.
2. Mme Nadine Le Meur-Weissman, « Parthénées et questions de genre : le fragment 94b de Pindare. »
Le fragment 94b de Pindare est un poème à la fois déroutant et fascinant, composé en l’honneur de membres d’une famille éminente de Thèbes, dont les louanges sont placées dans la bouche de jeunes filles. Classé parmi les chants daphnéphoriques, cas particulier de parthénées censé accompagner la cérémonie thébaine de la Daphnéphorie, ce fragment se distingue par des caractéristiques mixtes, voire hybrides, intrigantes concernant les ques- tions de genre poétique et de sexe, qui incitent à se poser diverses questions : Comment expliquer la coprésence de ces divers éléments ? Que peut nous apprendre ce poème sur le « genre » (éventuel) du parthénée ou celui du chant daphnéphorique ? Pourquoi un chœur de jeunes filles fait-il l’éloge d’une famille éminente de Thèbes devant la communauté civique ? De quel type de statut et d’autorité jouissent ces jeunes filles ? Pour tenter de répondre à ces questions, la communication a d’abord passé en revue les caractéristiques que le fragment de Pindare partage avec les Parthénées d’Alcman, puis examiné les traits par lesquels ce poème s’écarte du modèle d’Alcman et se rapproche d’autres formes de poésie chorale, pour essayer enfin de comprendre le statut particulier de ce chœur de jeunes femmes. En jouant avec différents codes et en brouillant les frontières entre les genres et les sexes, le poème obéit à une stratégie tant poétique que politique, destinée notamment à souligner les fonctions civique et pédagogique du chœur.
Observations de M. Claude Calame. La séance est levée à 19 heures.
N° 1312. Séance du samedi 9 avril 2022.
La séance est ouverte à 15 heures par le professeur Yves Lehmann, président de la Société des Études latines, en présence de Mme Véronique Boudon-Millot, présidente de l’Association des Études grecques.
Communications :
- M. Jacques Jouanna, « Quel est le sens de εὐβάστακτος dans les Fractures d’Hip- pocrate ? Recherche sur la famille de βαστάζειν d’Homère à Hippocrate en passant par Sophocle. » La communication est publiée dans la REG 2022, 2.
Observations de M. André Bouvet, M. Dominique Briquel, Mme Jeanne Dion, M. Michel Fartzoff.
- M. Giampero Scafoglio, « Deux femmes. La confrontation d’Hélène et Andromaque dans les Troyennes de Sénèque. »
Observations de M. Dominique Briquel, M. Bruno Poulle, Mme Vinciane Pirenne-Delforge, M. Yves Lehmann.
Le président de la Société des Études latines remercie les membres présents, en parti- culier les hellénistes, que les latinistes ont eu plaisir à recevoir, et lève la séance à 17 h 30.
N° 1313. Séance du lundi 9 mai 2022.
La séance est ouverte à 17 heures par Madame Véronique Boudon-Millot, présidente de l’Association.
Membres nouveaux : Mme Karina Mendez, doctorante à Sorbonne Université. Présentée par Véronique Boudon-Millot et Paul Demont. – M. René de Nicolay, ancien élève de l’ENS, agrégé de Lettres classiques, doctorant en co-tutelle (Princeton University et ENS Paris). Présenté par Denis Rousset et Paul Demont.
Communications :
1. M. Florian Audureau, « L’espace-temps rituel du rêve comme communication avec les puissances divines. Quelques réflexions à partir des Papyri Graecae Magicae. »
L’oniromancie ancienne est surtout étudiée à travers la documentation, notamment épi- graphique, relative à la pratique médicale de l’incubation ; dans un autre genre, l’ouvrage d’onirocritique d’Artémidore traitant de l’interprétation des rêves fait l’objet depuis plusieurs années d’un travail d’édition et de commentaires. Moins familier et pourtant riche d’informations que les sources précédentes ne délivrent pas, le corpus papyrologique de magie gréco-égyptienne (les Papyri Graecae Magicae, éd. Karl Preisendanz, 1928-1931) permet d’étudier la construction de dispositifs rituels oniromantiques. Tous d’époque romaine, les PGM forment une collection de textes datés, majoritairement, des iiie et ive siècles et se caractérisent par leur ancrage dans un milieu multiculturel où le bilinguisme grec-égyptien est bien attesté. Un certain nombre d’entre eux contient ainsi des textes programmatiques visant à produire des rituels divinatoires par apparition divine : des ὀνειραιτητά. Pour l’onirocrite Artémidore, qui s’en démarque soigneusement, ces pratiques « magiques » exerceraient une contrainte violente sur les dieux (IV, 2.85-94 ; 3.1-3).
Mais à observer en détail la documentation, mieux vaut considérer que le rituel, loin d’agir sur les dieux, opère un traitement particulier de l’espace du sommeil, ce qui permet à la fois d’induire un effet psychagogique sur l’individu et d’adapter l’environnement à la venue du dieu. Certaines caractéristiques récurrentes sont à relever lors du rituel : mise en place de jeux de lumière et de pénombre à partir de lampes ; création d’une ambiance odorante avec l’encens ; modifications du corps de l’agent rituel (vêtements, couronnes, onguents, aliments) ; enfin, présentification du divin sous la forme de textes, de statuettes ou d’un siège vacant. Élément remarquable, le trône laissé vide incarne davantage l’absence du divin que sa présence mais se présente également, quoi qu’en dise Artémidore, comme une invitation polie et accueillante. Lors du sommeil, les textes insistent en particulier sur la proximité entre la tête du dormeur et les objets manifestant la puissance divine, que ce soit un autel particulier contenant une figurine ou une couronne de feuilles de laurier sur lesquels ont été inscrites des formules. Le lieu sélectionné correspond généralement à une chambre privée ou bien à un lieu en plein air et certaines consignes peuvent préciser l’orien- tation du corps ou la temporalité du rituel en lien avec les points cardinaux et les cycles astronomiques. Des inscriptions peuvent être ajoutées sur le sol ou les montants des portes. Dans l’ensemble, on constate que la procédure instaure une démarcation spatiale qui ne préexiste pas au rituel ; en établissant des limites et des seuils, en séparant le lieu et le temps de l’oniromancie de l’espace-temps quotidien, il s’agit de transformer et qualifier l’envi- ronnement pour recevoir la visite du divin. Les rituels incubatoires privilégient au contraire des lieux déjà institués comme sacrés. Dans la mesure où les songes sont réputés être parfois trompeurs, la localisation de l’incubation dans un sanctuaire a en fait l’avantage de garantir la fiabilité de la divination. Un songe divinatoire qui a lieu à la demande, n’importe où, suscite donc la méfiance de spécialistes comme Artémidore. Mais il suscite également un véritable intérêt anthropologique dans la mesure où le rituel « magique » fait pleinement apparaître l’être humain dans sa capacité active à manipuler des signes pour produire du religieux. Enfin, le corpus impose également d’interroger nos démarcations conceptuelles entre « rêve » et « réalité ». L’oneiros relève-t-il toujours de la même catégorie ontologique que le « songe » en français ? Sans qu’il soit question d’oniromancie, un texte intrigant questionne ces catégories (PGM I, 106-1190) : un démon y reçoit l’ordre de garnir une chambre d’or et de marbre, spectacle, ajoute mystérieusement le texte, qu’il faut considérer
« en partie comme véritable, en partie comme seulement apparent ». Ailleurs, des récits d’apparitions directes recourent à des dispositifs communs aux oneiraitèta. Il semblerait que les catégories soient poreuses. Il ne s’agit pas seulement de programmer un songe, mais surtout de construire dans le rituel une réalité qui se donne comme objective. Le rituel est- il alors une stratégie d’objectivation des rêves ? Par-delà objectif et subjectif – ou dans l’interstice –, il construit en effet une représentation du réel dont l’ontologie ne peut pas se superposer strictement à l’ontologie moderne.
Observations de Mme Stella Georgoudi, Mme Véronique Boudon-Millot et Mme Catherine Dobias.
2. MM. Denis Knoepfler et Didier Marcotte, « Voyage aux confins du royaume séleucide avec un fragment épigraphique inédit trouvé en 1925 au pied de l’Acropole d’Athènes. »
La communication sera publiée dans la REG 2023, 1. Observations de M. Patrice Hamon et Mme Béatrice Meyer. La séance est levée à 19h20.
N° 1314. Assemblée générale du mercredi 22 juin 2022.
La séance est ouverte à 17h par Madame Véronique Boudon-Millot, présidente de l’Association qui annonce le décès de Mme Juliette de la Genière, professeur émérite en archéologie à l’université de Lille, membre de l’AIBL.
Madame la Présidente rend ensuite hommage aux membres de l’Association disparus pendant l’année et retrace les activités de l’Association.
La Secrétaire générale présente le rapport de la Commission des Prix. Le palmarès est le suivant :
Prix de l’Association (dédoublé) : Yannis Kalliontzis, Contribution à l’épigraphie et à l’histoire de la Béotie hellénistique. De la destruction de Thèbes à la bataille de Pydna, Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, fasc. 391, Athènes, 2020 ; et Ajda Latifses, La Muse trompeuse. Dramaturgie de la ruse dans les tragédies d’Euripide, Études anciennes, série grecque, Les Belles Lettres, 2021. – Prix Zographos : Christel Freu, Les salariés de l’Égypte romano-byzantine: essai d’histoire économique, Studia Papyrologica et Aegyptiaca Parisina 3, Paris 2022. – Prix Reinach : Létitia Mouze, Chasse à l’homme et faux semblants dans le Sophiste de Platon, Garnier, collection Kainon, anthropologie de la pensée ancienne n°14, Paris 2020. – Prix Zappas : Anaïs Michel, Chypre à l’épreuve de la domination lagide. Testimonia épigraphiques sur la société et les institutions chypriotes à l’époque hellénistique, Athènes, École française d’Athènes, 2020, in-4°, X + 308 p. (BEFAR 393). – Prix Delepierre : Clément Sarrazanas, La cité des spectacles permanents. Organi- sation et organisateurs des concours civiques dans l’Athènes hellénistique et impériale, Collection Scripta antiqua (146), Bordeaux, 2021. – Prix Raymond Weil : Les Alchimistes grecs. IX 1 : Traités des arts et métiers, Texte établi et traduit par Robert Halleux avec la contribution de Blanche El Gammal, Paris, Les Belles Lettres, 2021, 205 p. – Prix Desrousseaux : Jean-Charles Moretti, Philippe Fraisse, Christophe Llinas †, L’Artémision. Tome I. L’histoire des fouilles et le temple hellénistique, Athènes, École française d’Athènes, 2021, in-4°, 254 p. (Exploration archéologique de Délos, XLVI).
La Trésorière, Mme Caroline Magdelaine, présente son rapport financier, qui, après avis favorable du censeur, est approuvé à l’unanimité. La cotisation pour 2023 reste fixée à 60 euros. La cotisation se monte désormais à 40 euros pour les nouveaux membres durant les cinq premières années de leur adhésion.
La délégation financière est donnée à Mme Caroline Magdelaine pour toutes opérations relatives à la gestion des fonds et titres de l’Association pendant la durée de l’exercice 2022-2023.
M. Paul Demont, ancien Secrétaire général et ancien Président de l’Association, et Mme Valérie Fromentin, ancienne Secrétaire générale et ancienne Présidente de l’Associa- tion, sont chargés de représenter l’Association à l’Assemblée et aux Commissions de la F.I.E.C. à titre de délégué et de délégué adjoint.
La présidente proclame le résultat des élections.
Le bureau est constitué de la façon suivante pour l’année 2022-2023 : Président : M. Michel Fartzoff, professeur à l’Université de Besançon.
Première Vice-Présidente : Mme Christine Mauduit, professeur à l’École Normale Supérieure (Paris)
Deuxième Vice-Président : M. Didier Marcotte, professeur à Sorbonne-Université. Secrétaire générale : Mme Diane Cuny, maître de conférences habilitée à l’université de Tours. Secrétaire adjoint : M. Pierre Pontier, maître de conférences habilité à Sorbonne-Université. Trésorière : Mme Caroline MAgdeLAine, maître de conférences à Sorbonne-Université.
Bibliothécaire : Mme Alessia Guardasole, directrice de recherche au CNRS.
Sont élus au Comité : Mme Véronique Boudon-Millot, présidente sortante, directrice de recherche au CNRS ; M. Alain Billault, professeur émérite à Sorbonne Université ;
M. Michel Casevitz, professeur émérite à l’université de Paris Nanterre ; Mme Sophie Gotteland, professeur à l’université de Bordeaux-Montaigne ; M. Patrice HAmon, profes- seur à Sorbonne Université ; M. Dominique Mulliez, professeur émérite à Sorbonne Université ; Mme Marie-Pierre Noël, professeur à Sorbonne Université ; Mme Monique Trédé, professeur émérite à l’ENS (Paris).
La séance est levée à 19h00.